Alain Peyrache, notre sensei, raconte volontiers cette histoire.
Alors qu'il accompagnait Maître Tamura lors d'un stage, celui-ci était très en retard, et pas du tout pressé d'ailleurs…
Alain Peyrache lui fait part de sa crainte d'arriver au cours en retard...
La réponse de Me Tamura fut étrange comme d'habitude :
« viens, on va prendre un café », Alain Peyrache ne put s'empêcher de lui répondre : « là nous allons vraiment être en retard sensei... ».
La réponse lapidaire ne se fit pas attendre « oui et alors ? ».
Devant l'incompréhension visible d'Alain Peyrache dont la tâche était d'amener au cours le maitre dans de bonnes conditions et à l'heure.
Maître Tamura expliqua :
« nous verrons si ce sont de bons uchis deshis, dans ce cas le cours aura commencé à l'heure... »
Le café fut pris tranquillement, sans hâte Tamura sensei prit même le temps de lire tranquillement le journal,
en arrivant au cours celui-ci était déjà bien avancé sous la direction d'un sempaï, Maître Tamura demanda si le cours avait commencé à l'heure...
afin de savoir s'il devait réprimander les plus anciens uchis deshis ou les féliciter...
Le néophyte, celui qui ne connaît rien aux arts martiaux japonais, peut croire qu'il y a plusieurs professeurs
dans un dojo. Alors que le terme "dojo" a le sens de lieu (jo) où l'on apprend la voie (do) du maître du dojo.
Oui les mots ont un sens.
« Un maître, un dojo »
Autrement dit "il n'y a qu'un maître dans un dojo". Les Japonais disent : « un maître, un dojo ».
C'est pourquoi il est vital de choisir son maître.
D'ailleurs quand vous entrez dans un dojo, le maître de ce dojo vous accepte, ou pas.
Le maitre du dojo peut à tout moment vous dire : « dégagez, je n'ai pas de temps à perdre avec vous » ce que l'on appelle en japonais :
"Montzen Baraï". La première chose que devrais faire un débutant c'est de se renseigner :
« mon futur professeur n'a-t-il pas été l'objet d'un "Montzen Baraï" ? »
Personne n'est assez idiot pour demander à un assassin comme Landru de l'opérer.
« Un dojo est un lieu où il n'y a rien de démocratique… »
Comme disait Me Tamura : « un dojo est un lieu où il n'y a rien de démocratique… ».
Excédé par les pseudos démocrates qui trainent parfois sur les tatamis, adeptes du "fonctionnement horizontal" …
Une erreur de base, on pense avoir son mot à dire alors qu'on est complètement incompétent.
Et c'est toujours sous couvert démocratique que l’incompétence essaie de se convertir en pouvoir.
Il n'a échappé à personne qu'il y avait des grades dans la pratique martiale, divers degrés donc par définition un système militaire ;
puisque Mars est le dieu de la guerre origine du mot "martial" soit l'opposé d'un système démocratique.
Les arts martiaux, arts de combats des samuraïs, ceux qui ont un minimum de culture savent que les samuraïs et leurs pratiques
s'inscrivaient dans un système féodal.
Aujourd'hui encore il y a un empereur au Japon... Dans un art martial japonais un fonctionnement démocratique relève plutôt
de l'ignorance, de l'inculture, au mieux de la psychiatrie.
De même, dans la pratique d'un art en France comme la gastronomie par exemple …
Imaginez-vous comme élève de Paul Bocuse, et d’aller lui dire qu'au nom de la démocratie le fonctionnement de son restaurant
doit être horizontal, que vous avez une notion de la cuisine qui est différente de la sienne, à lui le maître…
et qu'au nom de la démocratie vous devez pouvoir influencer le menu…
Alors que si les clients viennent, c'est car justement ce n’est pas le cas ...
Si Paul Bocuse avait écouté ce genre d’arguments, il n'aurait jamais eu la réputation et l'expertise que tout le monde lui reconnaît.
Dans le monde martial ces gens se retrouvent dans une sorte de grande poubelle et ils causent un tort énorme aux disciplines
martiales concernées et qu'ils prétendent pratiquer.
Car il y a plus de mauvais cuisinier que de Paul Bocuse...
"Dojo" ou "club de fitness"
C'est donc pour quelqu'un qui n'a jamais pratiqué mais qui a un minimum
de culture japonaise le moyen de savoir s'il a affaire à un "dojo" ou un "club de fitness" qui prétend pratiquer un art martial
alors que visiblement il n'en connaît pas le minimum.
Déjà le nom est un indicateur un dojo et des pratiquants traditionnel n'emploient jamais les termes : club, fédération, entraineur, responsables technique etc., des termes sportifs qui n'ont aucun sens dans une pratique traditionnelle.
Dans un dojo ce seront les "uchis deshis", voire les "sotos deshis" (lorsqu'ils visitent le dojo de leur maître) qui assurent les cours aux "deshis" c'est-à-dire les débutants. Afin que les jeunes pratiquants sachent où se trouve leur place. On commence donc la pratique de l'aïkido en imitant les anciens, le professeur comme un enfant à l'école apprend par cœur sa leçon.
On en arrive au planning des cours
Comme pour l'enfant au bout d'un certain temps on ne se contentera plus du "par cœur" et de l'imitation,
il faudra dans la taxonomie de la connaissance passée du stade du "connaître" au "comprendre" et ceci le plus tôt possible
dans une pratique martiale.
Autrement dit redire avec ses mots, ses gestes restructurés en fonction de sa maîtrise
de sa compétence un enseignement reçu, c'est ce que l'on fait lorsqu'on enseigne, que l'on donne un cours.
On n’est pas élève puis un jour professeur parce qu'on a réussi un examen de fin d'étude
Enseigner c'est l'autre côté de la pratique, une main à 2 cotés chacun des cotés à un usage différent, ignorer un coté de la main est une erreur.
Cet enseignement changera toute sa vie, il évoluera avec la maîtrise du pratiquant sans jamais atteindre la perfection. L'enseignant en aïkido et dans d'autres domaines, n'est pas celui qui ne se trompe jamais, mais bien celui qui est capable de repérer ses erreurs et de ne pas les reproduire, c'est ce qu'on appelle le progrès. Ceux qui refusent de s'engager dans cet aspect de la pratique, pensant que c'est réservé à ceux qui savent faire, alors qu'il est en fait une foultitude de degré de maîtrise et de compréhension.
Tous n'arrivent pas à cela, certains malgré les années ne dépasseront pas le stade du débutant, soit ils n'oseront jamais enseigner l'aïkido victime du formatage éducation nationale, soit ils oseront et se mettront à délirer et à faire n'importe quoi… poussés par leur mégalomanie, leur paranoïa, leur soif de pouvoir dans tous les cas une forme d’ incompétence, ils se feront recadrer rapidement, voire éjecté de la pratique pour arriver dans la poubelle martiale bien connue des professeurs autoproclamés de nouvelles disciplines martiales ou en général des professeurs de self-défense …
À part ces deux échecs inévitables, ceux qui n'osent pas et ceux qui ne seront jamais des pratiquants mais des déchets.
C'est la majorité des élèves qui ont le désir de progresser dans leur art, comme dans tous les arts et ils s'apercevront très vite que cette façon d'étudier l'aïkido est bien plus riche et révélatrice de nos faiblesses ; qu'en fait le statut "d'élève consommateurs" est la situation la plus confortable, mais qu’en ne risquant pas l'erreur, puisqu'on ne fait rien, on obtient aussi rien et qu’au final on perd juste son temps.
Le progrès est fait d'erreurs successives, que l'on corrige chaque fois, la tâche du pédagogue est de mettre une difficulté franchissable devant son élève car franchir une difficulté, maîtriser une contrainte c'est progresser.
L’élève lui n'a qu'un souci, se fondre dans la masse, éviter toutes contraintes et difficultés _son côté consommateur étant souvent le plus fort.
C'est ce que les discipline orientale ont bien compris, contrairement l'éducation nationale, c'est aussi la relation yin yang,
comme disait souvent Me Tamura on est à la fois "élève et professeur", les deux faces d'une même chose...
On peut constater
que tous les gens qui se disent ses élèves dans des systèmes sportifs fédéraux n'ont même pas compris cette chose élémentaire.
Moralité il ne suffit pas d'avoir un professeur prestigieux et compétent pour être automatiquement un bon élève.